Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet
À l'origine, il y avait deux communes distinctes. Le 30 octobre 1925, Chenac prend le nom de “Chenac sur Gironde”. Le 25 février 1965, les deux communes fusionnent sous le nom de “Chenac - Saint-Seurin d'Uzet.” C'est ce qui explique que la commune possède deux noyaux urbains et deux églises.

Plaque de minoterie
La commune est intégrée au canton de Cozes (arrondissement de Saintes). La population était de 1273 habitants en 1790, de 839 en 1946, de 572 en 1999 et de 605 de nos jours.
Chenac viendrait du latin Canacum. Le bourg s'est développé autour d'une "villa" gallo-romaine. Saint-Seurin est la contraction de Séverin. Au Moyen Âge, le village s'appelait "Sanctus-Severinus de Useto". Useto, déformé en Uzet , est le nom du chêne yeuse (Jean-Marie Cassagne et Stéphane Seguin, opus cité). Jadis, les yeuses couvraient les falaises de la région (en souvenir des yeuses, un quartier de Royan s'appelle Marne-Yeuse).
La commune, de 2003 hectares, s'étend sur le plateau calcaire très vallonné. Au sud, elle surplombe la Gironde. Ce rebord de plateau est très festonné.
Quelques marais couvrent les fonds des vallons et communiquent avec l'estuaire aux Monards et à Saint-Seurin. L'occupation du sol est très ancienne. On a trouvé des silex taillés et de nombreux vestiges épars d'habitat gallo-romain. A l'époque romaine, une route devait relier Saint-Seurin à la capitale, Saintes, en passant par Saint-André-de-Lidon.

Vue aérienne des deux villages

Port et cale de Saint-Seurin
Au Moyen Âge, l'Abbaye de Mortagne installe, à Saint-Seurin, un prieuré. En 1460, les seigneurs du lieu font construire un château sur le rocher qui domine l'entrée du port, château impressionnant avec de puissantes murailles, des fossés si larges qu'on dut construire un pont à trois arches pour passer. Au XV e siècle, la Seigneurie d'Uzet appartient à la Maison de Sainte Maure. En 1630, c'est Jean Bretinauld qui en est le seigneur. En 1721, on reconstruit l'église dans le style roman en réemployant des matériaux de l'ancienne église.
Saint-Seurin, situé en bordure de la Gironde, possède un petit port très actif. Au XIX e siècle, il exporte vers Bordeaux et le Médoc les produits de Saintonge: céréales, farine, vins, eaux-de-vie. Il importe des huiles et du savon de Marseille, du tabac de Tonneins, des résines des Landes, du charbon anglais. Déjà, une minoterie fonctionne dans le bourg.
Jusqu'à une époque récente, Saint-Seurin était l'un des plus importants ports de pêche à l'esturgeon de l'estuaire et la capitale du “caviar” girondin. L'esturgeon, “créac” en Gironde, vivait le long des côtes de l'estuaire. Au Moyen Âge, il était classé “poisson royal”. Saint-Seurin fut le premier port à tenter, dans le Sud-Ouest, la préparation des oeufs, à la fin du XIX e siècle.

Les falaises mortes

Chapiteau de Chenac
D'après la légende, un jour, une princesse russe admirait l'arrivée des barques de pêche dans le port de Saint-Seurin. Elle fut effarée de voir les pêcheurs ouvrir le ventre des esturgeons femelles et jeter les oeufs à la mer. Elle fit remarquer que, dans son pays, ceux-ci étaient servis sur les tables les plus nobles. Et, elle apprit aux pêcheurs à fabriquer le caviar. En réalité, c'est un habitant du bourg qui, en 1902, se lança dans la fabrication du caviar qu'il vendait ensuite à La Rochelle. Vers 1920, la Maison Prunier, de Paris, décide de fabriquer son caviar en France. Elle engage Monsieur Scott, ex-capitaine de la garde du Tsar, spécialiste de la préparation, pour diriger les ateliers qu'elle ouvre dans la région, dont le plus important se trouvait à Saint-Seurin. Très vite, ce caviar fut apprécié en Europe. "...J'en ai goûté un peu partout dans le monde et spécialement à la table de Staline. Du caviar de la Caspienne...Mais le vôtre est royal. C'est une révélation" , écrivit le Maréchal Juin sur le livre d'or d'un restaurant de la région (cité par A.Bassot dans La France , juillet 1969). Malheureusement, la pêche excessive du "créac" vit sa disparition. Aujourd'hui, on travaille à réintroduire l'esturgeon dans l'estuaire .
À l'intérieur des terres, Chenac, deux fois plus étendu avait surtout vocation agricole. Les coteaux et le plateau étaient presque entièrement recouverts de vignes, les vallons produisaient des céréales. La campagne était piquetée de moulins à vent. Aujourd'hui, les deux communes n'en font plus qu'une et sont complémentaires.
Saint-Seurin est installé au débouché d'un vaste marais. Certaines petites combes s'ouvrent sur des prés salés. Les versants du plateau ont une faible pente et portent des vignes et des céréales. De petits bois de chênes bordent la falaise qui domine une roselière. Saint-Seurin est à la limite sud de la nidification des tadornes sur la côte atlantique. Le bourg de Chenac est bâti sur le rebord du plateau, en retrait de la côte, entouré de vignobles. Sa vocation agricole se caractérise par le développement de la polyculture (céréales, tournesol, luzernes) et par le maintien du vignoble sur le calcaire. On fabrique et commercialise le pineau des Charentes et le cognac (Bon Bois) ; on peut visiter la cave de Mr MOSSION Serge et Mr COCHAIN Christian.
La commune possède plusieurs fontaines naturelles dont celle de Chauvignac, déjà aménagée par les Romains. Elle fournit, grâce à deux stations de pompage, l'eau à une trentaine de communes dont Royan . En bordure de la Gironde, les chenaux se sont maintenant envasés et le port n'abrite plus que quelques voiliers. Toutefois, il possède une cale en pierre destinée aux pêcheurs, la seule entre Royan et Blaye.

Plus d'informations
- Site inventaire du patrimoine de la région Poitou-Charentes : inventaire.poitou-charentes.fr