Le seigneur de Didonne contrôle l'entrée de la Gironde

Églises classées : Médis (pour la crypte), Royan, Vaux-sur-Mer, Saint-Sulpice-de-Royan.
Église inscrite : Saint-Palais-sur-Mer.
Églises en partie romanes : Saujon, Saint-Georges-de-Didonne.
Églises non classées : Le Chay, L'éguille-sur-Seudre, Semussac, Saint-Augustin.
Église disparue : Saint-Cybard (près de Cozes) - Prieuré disparu : Saint-Sordelin à Vaux.

La châtellenie de Didonne longe l'estuaire, de Saint-Augustin à Meschers. Devenue baronnie en 1567, elle conservera les quatre paroisses de Saint-Georges-de-Didonne, Meschers, Médis et Semussac. Le seigneur de Didonne apparaît très tôt sur l'échiquier politique comme un personnage important. Il est aussi détenteur d'un quart de l'île d'Oléron. En 1040, Pierre de Didonne cède à l'abbaye de la Trinité de Vendôme l'église Saint-Georges d'Oléron, à la demande du comte d'Anjou, Geoffroy-Martel. En 1047, le même comte lui achète 6 000 sous la moitié de la vieille terre de Marennes au profit de Notre-Dame de Saintes.

 
Sceau de Didonne

Sceau du Seigneur de Didonne recto-verso

 

Vers 1075, son fils Hélie de Didonne renonce à une plainte contre cette abbaye moyennant l'entrée de sa fille comme religieuse. Hélie Ier, prince de Didonne, entretient également de bons rapports avec la puissante abbaye de la Sauve Majeure, près de Bordeaux, protégée par le duc d'Aquitaine Gui-Geoffroi. Il fonde avec sa femme Avicia et ses fils, en 1092, le prieuré Saint-Nicolas de Royan qu'il dote richement. Pour le salut de son âme et celles de ses parents, ils offrent à ce prieuré qui dépend de la Sauve Majeure « une terre dans le le bourg fortifié de Royan pour édifier une église, établir un four, des ateliers, un jardin ou des vignes, plusieurs domaines et leurs colons dans la forêt de Châtelard, l'exemption de taxe sur leurs navires, des vignes à Saint-Palais-sur-Mer et dix quartiers de terre pour en planter à Vallières, les dîmes des moulins de Meschers, des salines, une terre dans l'île d'Oléron ». Cette longue énumération est aussi fort instructive sur l'occupation du sol au Moyen Age à Royan.

 

La trace de la motte castrale de Didonne est encore bien visible sur le cadastre. Le prieuré dédié à saint Georges était à quelque distance, plus près de la mer et du port de pêche. Ce prieuré dépendait de l'ordre de Cluny. L'inspection de 1343 indique que le prieuré compte six moines dont un sacristain. Le prieur se plaint du seigneur de Didonne qui l'empêche de tenir ses assises de justice. Si les moines disposent bien de blé et de vin, les bâtiments du prieuré menacent ruine, sauf le cloître et un appentis à côté de la cour qui sont bien aménagés et neufs ; par contre les latrines du dortoir sont entièrement submergées et brisées.

On peut voir dans l'église actuelle six chapiteaux qui proviennent de ce prieuré ; à gauche de l'entrée (posé sur le sol) un chapiteau archaïsant où certains croient reconnaître Daniel et la fosse aux lions bien plus primitif que ceux de Saint-Eutrope et de Saujon. On remarquera à la croisée du transept, au nord, des oiseaux accouplés séparés par la hampe d'une feuille d'eau et, au sud, le Péché originel. Trois de ces chapiteaux sont transformés en bénitier. Ils méritent une visite. Les deux bourgs ont fusionné pour donner Saint-Georges-de-Didonne.

Le seigneur de Didonne contrôlait l'entrée de l'estuaire et taxait les navires qui passaient et s'arrêtaient dans le port de Royan. On appelait ce péage « la coutume de Royan » ; il était versé dans une « arche à sept clefs » que se partageaient chaque semestre les seigneurs de Blaye, Montendre et Royan chacun pour une part, trois parts pour le seigneur de Didonne et la septième pour le procureur du roi. Un barème détaillé fixait la taxe en deniers tournois : au XIIIe siècle, deux deniers obole pour le tonneau de vin - mesure de Bordeaux, huit deniers pour le tonneau de froment - mesure de Conac et cinq deniers pour le cent de sel - mesure de Seudre. Les navires qui avaient acquitté le péage arboraient une branche de cyprès ; ceux qui tentaient d'y échapper étaient poursuivis et leur cargaison confisquée.

 
 

Le personnage le plus célèbre ayant abordé au port de Royan est, le 12 mai 1242, le roi d'Angleterre Henri III qui s'appuie sur une révolte de chevaliers français menés par Hugues de Lusignan, comte de la Marche, pour défier le roi Louis IX. Les Anglais seront défaits à Saintes et tous les chevaliers français imploreront « à genoux » au pied du château de Pons, la miséricorde du futur Saint Louis.

 
Royan : vue du château par Chastillon en 1615

Royan : vue du château par Chastillon en 1615

 

La citadelle avec remparts de Royan était protégée par une forteresse construite sur la falaise à Foncillon, au temps de l'occupation anglaise qui durera fort longtemps en Saintonge, du XIIe au XVe siècle quand Français et Anglais se disputaient l'Aquitaine. On a conservé le dessin de cette impressionnante citadelle démantelée plus tard par le roi Louis XIII. Il y avait deux bourgs à Royan : le bourg fortifié avec un faubourgde pêcheurs le long de la grève et un hameau rural sur la colline autour de l'église Saint-Pierre. L'église priorale, signalée dès 1092, était une dépendance de Saint-Vivien de Saintes, accompagnée de différents bâtiments, dont un cloître au nord et un logis pour le prieur et les moines.
De l'église romane comportant une nef et une abside, il ne reste plus que le carré du transept et le départ de la nef. L'abside a été remplacée au XIIIe siècle par un chevet droit de belle facture. Le clocher, aménagé sur le bras sud du transept recouvre une crypte ossuaire voûtée.L'église, plusieurs fois détruite et martyrisée par les guerres, est réduite aux dimensions de l'ancien choeur. Elle renferme d'intéressants chapiteaux romans à personnages à la croisée du transept,au-dessus de la chapelle dédiée à saint Nicolas, protecteur des écoliers et des marins.
Si Hélie Ier, seigneur de Didonne, fonde le prieuré Saint-Nicolas dans le marais de Pontaillac, dans lesterres humides favorables au jardinage, c'est aussi pour limiter le rayonnement de l'abbaye Saint-Étienne de Vaux, installée par deux chevaliers de la maison du prince de Mortagne sur les ruines d'une église détruite par les Vikings.

 
Royan, Saint-Pierre

Royan, Saint-Pierre : vue du chevet plat

 
 

Lors de la consécration de cette abbaye, en 1075, au synode de Saintes, en présence de l'archevêque de Bordeaux, du duc d'Aquitaine Gui-Geoffroi et de nombreux dignitaires religieux et laïcs, le seigneur de Didonne sur les terres duquel cette abbaye est créée, ne peut pas moins faire que d'accorder lui-même des dons conséquents ; il cède à l'abbaye, pour le salut de son âme et celles de ses parents, « la villa de Vaux, soit le bourg et ses habitants, depuis la façade de l'église jusqu'au jardin de l'intendant Maurin, au-delà de la maison d'Urric, le boucher, en suivant la route qui monte vers la croix, jusqu'au-delà de la maison de Dominique Alun, puis, en suivant la pente des fossés, jusqu'à ce qu'on arrive à la fontaine ». Vous retrouverez facilement dans Vaux-sur-Mercette délimitation initiale du bourg ; la fontaine dite « Source aux moines » existe toujours non loin de l'église abbatiale elle aussi tronquée par les guerres.

Le chœur et le chevet de cette église sont un des fleurons de l'art roman saintongeais par l'élégance des arcatures et la richesse iconographique de huit chapiteaux, haut placés sur les colonnes-contreforts et à la croisée du transept. Messages compréhensibles par les paroissiens illettrés, ils présentent la lapidation de saint Étienne, patron de l'abbaye, premier martyr après Jésus ; un ours et David, avant sa victoire sur Goliath où la main de Dieu triomphe de l'épée de fer ; les colombes de l'Eucharistie, la sanctification de la vigne, symbole du sang du Christ, le songe du roi Nabuchodonosor, invité à mépriser les biens matériels pour mériter la Vie éternelle ; le péché originel et un duel judiciaire.

Les biens temporels de l'abbaye de Vaux sont disséminés dans un rayon de vingt kilomètres et déchaînent la jalousie des seigneurs laïcs des environs. Ce sont les églises de Saint-Augustin, Saint-Cybard, Saint-Palais-sur-Mer, Saint-Sordelin, Saint-Sulpice-de-Royan, Thaims, Arces et sa villa, puis plus lointaines de Saint-Pierre-de-Grayan, Saint-Germain-de-Langoiran. Plusieurs incursions armées se soldent par des excommunications et les seigneurs voisins finissent par accepter l'existence de ce seigneur ecclésiastique privilégié, protégé par une bulle pontificale.

 
Eglise Saint-Etienne, Vaux-sur-Mer

En 1170 et bientôt doté d'un pouvoir de justice. L'abbé de Saint-étienne élargit son domaine retenu à Vaux, depuis l'église jusqu'à la mer, avec le bois du Défens et s'empare de tous les revenus, comme les fours à chaux et le commerce du vin expédié par le port de Saint-Sordelin. Creusées dans la falaise calcaire, près du prieuré etdu port de Saint-Sordelin et sous le bois du Défens,au bord de la plage de Nauzan, courent des galeries souterraines envahies par la mer à marée haute : ce sont des pêcheries utilisées par les moines de l'abbaye Saint-étienne qui laissaient entrer les poissons à marée montante et le retenaient à marée descendante en faisant glisser des claies d'osier dans des rainures verticales encore visibles aujourd'hui.

Vaux-sur-Mer : Eglise Saint-Etienne

 
Saint-Augustin : Cartulaire de Vaux-sur-Mer


L'église primitive de Saint-Augustin a disparu, et pourtant le domaine foncier agricole du prieuré dépendant de l'abbaye de Vaux est considérable (il est de 80 hectares sous l'Ancien Régime). Ce sont des terres à flanc de coteau, où céréales et vignes viennent bien, et des pâturages gagnés sur le marais du Barbareu. La forêt de Salis, de chênes, hêtres, cormiers, aulnes et pins, protège les terres des fureurs de la mer et de l'envahissement des sables. Mais les mégalithes ont disparu sous les dunes ainsi que la ville mystérieuse d'Anchoine : cataclysme maritime ou lent ensablement ? Les premiers moines de Saint-Étienne de Vaux venaient de l'abbaye poitevine de Maillezais, rattachée à l'ordre de Cluny. Ce sont des gens instruits, qui ont manipulé, étudié, recopié de nombreuxmanuscrits dont les enluminures ont pu inspirer les sculpteurs des chapiteaux de Vaux.


Saint-Augustin : Cartulaire de Vaux

 

Le moine Bernard, dans l'obédience de Saint-Augustin, achète la Vieille Vigne, puis une terre près de la fontaine Aimeric à Hélie, seigneur de Didonne. Il achète encore à Aléard de Chauzat une terre située à Longue Faisole. Il reçoit de ce même Aléard la terre de l'Ormeau pour le prix de l'instruction de son fils Rainaud, et de la femme Aurieldis une terre près du cimetière pour l'instruction de son fils Arnaud. Le rôle des moines dans la mise en valeur du sol et la promotionsociale est indéniable.

Au XIe siècle, la réforme clunisienne incite les détenteurs d'églises à les remettre aux ordres religieux. C'est le cas pour Saint-Sulpice de Mandulfe et Saint-Palais de Bren qui sont cédées l'une par le prêtre Ursus, dont les ancêtres possédaient le sanctuaire depuis cent ans, l'autre par Girbert Spada, Pierre Ramon et Foulques Cementarius qui détenaient l'église et la dîme. La vieille église de Saint-Palais-sur-Mer, sauvée de la ruine par une audacieuse restauration, remarquable par son austérité et ses arcs brisés d'influence cistercienne (comme le clocher de Saint-Pierre de Royan), a été rehaussée pour devenir un amer et guider la navigation dans l'estuaire.

Les religieux, dans l'application des vertus évangéliques, avaient pris en main le soin aux malades, l'accueil des pèlerins, la sécurité des traversées de fleuves et le franchissement des cols. Deux ermites entretenaient un feu sur le rocher de Cordouan auquel répondait le foyer allumé sur la Roche aux Moines à Saint-Palais. Vers 1370, pour protéger le commerce maritime actif entrel'Angleterre et l'Aquitaine anglaise, le prince de Galles, surnommé le « prince Noir », gouverneur de Guyenne, fit construire une tour en pierre sur laquelle brûlait un fanal. Elle fut délaissée en 1586 par Louis de Foix, constructeur de l'Escurial (résidence royale en Espagne), pour ériger la base du phare actuel.

De nombreuses donations sont faites au prieuré de Saint-Palais-sur-Mer, dont un pré et une terre au puits de l'Auture, actuellement « pré de l'Abbé » sur le cadastre, et esplanade du Concié où ont lieu concerts et grandes manifestations. Dans le manuscrit, nous trouvons « fossa laputura » ou fosse loubière, pour désigner ce gouffre mugissant où l'on précipitait les loups après une battue.

 
 
Saint-Sulpice : façade et clocher

Saint-Sulpice : façade et clocher

 

Le seigneur de Mornac avait donné son autorisation pour que l'église de Saint-Sulpice-de-Mandulfe soit cédée à l'abbaye de Vaux. La paroisse devait donc dépendre alors de son autorité ; elle est ensuite passée sous celle du seigneur de Royan et le toponyme a été modifié en conséquence.

La paroisse de Saint-Sulpice-de-Royan est fort étendue, bordée au nord par la Seudre et limitée au sud par la forêt de Châtelard qui tend vers l'église Saint-Pierre de Royan. Cette forêt a été amplement défrichée dès l'époque gallo-romaine et plusieurs sarcophages mérovingiens ont été retrouvés dans le cimetière qui entourait l'église.

Cet édifice massif bâti à l'écart du village s'enorgueillit d'un magnifique clocher roman du XIIe siècle, au pied duquel on a reconstruit une élégante façade tripartite et une nef gothique de deux travées au XIIIe siècle. La façade saintongeaise est à comparer avec celles de Breuillet et de Médis. Le prieur de Saint-Sulpice, au nom de l'abbaye Saint-Étienne de Vaux, a exploité jusqu'en 1364 la grange de La Lande qui appartenait aux chanoines de la Petite Couronne en Arvert.

Il devra ensuite la rétrocéder aux chanoines, faute de n'avoir pas payé le loyer annuel de 15 boisseaux de froment depuis 16 ans, pour cause des guerres et de la Grande peste de 1348 « occasione guerrarum et mortalitatum », preuve de la misère qui frappe cruellement notre région à cette époque.

 
 

L'église de Médis a subi de nombreux outrages mais elle a été soigneusement reconstruite. Les arcatures de sa façade sont ornées de rinceaux et les éléments anciens se marient avec bonheur aux éléments rapportés. Les arcs du rez-de-chaussée sont équilibrés, surmontés à l'étage d'une baie centrale et de quatre arcades aveugles. Les modillons des corniches sont de bonne facture. La nef est romane avec une voûte en plein cintre, poursuivi par les deux travées du choeur gothique dont le chevet est plat comme à Royan. Sous le chœur, une crypte accessible du côté nord, voûtée en arc brisé, occupe la largeur de l'église. L’édifice est bien proportionné, cruciforme, alliant l'harmonie de l'art roman à l'élégance de l'art gothique. L'église de Médis, dédiée à saint Pierre-Es-Liens, était à l'origine le siège d'un prieuré dépendant de l'Abbaye-aux-Dames, puis du chapitre de Saint-Eutrope, mentionné en 1098 pour la première fois. Le seigneur de Didonne, Gautier dit Gifard premier, avait fait bâtir vers 1132 un château dont il subsiste le toponyme « La Mothe Médy ». De nouveaux logis apparaissent ; en 1315, celui de La Rigaudière, et en 1489, celui de Puyraveau.

 
Médis : aquarelle d'Etienne Bourdeau (1839)

La forêt de Saint-Georges-de-Didonne, composée de pins et de chênes verts, se prolonge naturellement sur le sommet de la falaise, et à l'arrière de nombreuses plages jusqu'à Meschers-sur-Gironde qui fut un port important avec un péage. Les tarifs de 1308 nous indiquent la richesse du négoce transitant par ce port : vin et sel échangés, mais aussi céréales et bétail de l'arrière-pays exportés. Louis le Pieux, fils de Charlemagne, avait donné au monastère de Saint-Seurin de Bordeaux, en 814, « la villa de Meschers située dans le territoire de Saintonge, sur les bords du fleuve de la Garonne, avec toutes ses dépendances, avec ses maisons, ses édifices publics, ses terres, ses vignes, ses prés, ses forêts, ses pâturages, ses étangs, ses cours d'eau », riche patrimoine si l'on en croit la charte, mais qui dut attirer la convoitise des Vikings quelques années plus tard.

 
Meschers : sceau des templiers

Un contentieux entre Hugues de Taunay, seigneur de Didonne, et les templiers de la Commanderie des Épeaux de Meursac concerne le petit hameau de Beloire, sur la paroisse de Meschers, où les Templiers sont accusés d'accueillir trop favorablement « les hommes des Églises et ceux des clercs de la terre de Didonne ». L'accord intervenu autorise les Templiers à « recevoir et héberger tous les hommes indistinctement excepté ceux du seigneur de Didonne et ceux des hommes de ses fiefs, leur accordant aussi tous droits et toute liberté de prendre et d'user de tous les animaux tant dans les pacages, que dans les bois, les eaux, les terres, les plaines et tous autres communs, à jamais tranquillement ».

 
 

De toutes les mottes féodales du Pays Royannais qui ne sont plus que des indications sur les vieilles cartes ou des cercles pour l'archéologie aérienne, la motte de Saujon, située au terrier de Toulon (encore appelé Camp de César), est la mieux conservée...

Dans le bois sur la hauteur, subsistent de profonds fossés, et au centre de l'éminence la base carrée d'une solide construction en petit appareil. Saujon a toujours été un carrefour important de voies terrestres et maritimes, avec son port de Ribérou. A l'époque romaine, la tour de Pirelonge guidait les voyageurs pour la traversée de la Seudre. Comme Mornac, c’est une ancienne ville forte que Charlemagne donna à garder à Taillefer de Léon, comte d'Angoulême, et qui en 1364 rend hommage au prince de Galles, duc d'Aquitaine, en la personne de son seigneur, Jean de la Personne, seigneur de Mortagne. Un très ancien prieuré consacré à saint Martin y fut construit dès le VIIe siècle. En 1095, le pape Urbain II donne le village de Saujon au monastère Saint-Martial de Limoges, mais le prieuré est saccagé par les Anglais en 1415. Il ne reste du prieuré dédié à saint Martin que quatre chapiteaux romans. Ils sont présentés dans l'église Saint-Jean-Baptiste actuelle.

Quatre thèmes que l'on retrouve plusieurs fois en Saintonge, sont ici merveilleusement sculptés et préservés : Daniel dans la fosse aux lions, la Résurrection et les Saintes Femmes au tombeau, le Pèsement des âmes, l'Homme et le Poisson. Quatre beaux chapiteaux à voir en venant de Saint-Eutrope et en allant à Arces et Talmont-sur-Gironde… Le chanoine Tonnelier rapporte que saint émilion, venant de Vannes, a débarqué à Saujon, pris l'habit de moine au monastère Saint-Martin, et renoncé à son pèlerinage à Compostelle.

 
Saujon : aquarelle d'Etienne Bourdeau (1839)

Saujon : terrier Toulon, aquarelle d'Etienne Bourdeau (1839)

 
Saujon : Chapiteau du prieuré Saint-Martin

Saujon : l'Homme et le Poisson, chapiteau du prieuré Saint-Martin

 

A l'est, la paroisse rurale du Chay dépendait de la châtellenie de Saujon. Elle avait une église romane, dédiée à saint Martin, incendiée au cours des guerres de Religion en 1571. L'église actuelle est de style néo-classique. En 1279, Geoffroy, seigneur de Mortagne, reconnaît le droit d'exploit que les sergents et roturiers de la paroisse du Chay ont en la rivière, située dans le fief de Geoffroy, entre le moulin de Rousellerie et le Peyrat de Chantegrenouilles, à la charge pour les sergents de le suivre pendant un jour, en armes et à leurs frais, jusqu'à l'Orme-Seul, et pour les roturiers de lui payer annuellement 15 livres de taille.

A l'ouest, nous trouvons la paroisse de sauniers et de pêcheurs de l'Éguille qui appartenait à la châtellenie de Mornac. On y produisait un sel de grande renommée, « le sel blanc du Liman », qui était exporté vers les pays du nord de l'Europe. Son église était aussi dédiée à saint Martin et relevait de l'abbé de Saint-Martial de Limoges, comme Saint-Martin de Saujon dont les prieurs avaient la nomination des curés de l'Éguille. Il existait aussi dans la châtellenie de Saujon une des plus modestes maisons de l'ordre de l'Hôpital Saint-Jean de Jérusalem, la commanderie du Breuil-du-Pas, ruinée par les guerres franco-anglaises, et dont il reste dans la toponymie le lieu-dit l'Hôpiteau.

 
 

La commune de Semussac est aujourd'hui un vaste terroir agricole qui n'a cessé depuis l'époque néolithique de s'étendre. De l'âge du fer date le tumulus de « Chez Reine », situé au beau milieu des cultures actuelles. On y a construit un nouveau château de Didonne au XVIIIe siècle et une église néo-gothique au XIXe. Au Moyen Age, existait encore une grande forêt de chênes où chaque laboureur à bœufs pouvait mener deux porcs, et les laboureurs à bras, un seul ; des pins verts nécessaires pour les constructions ainsi que pour les charrettes et charrues, du bouleau pour faire des balais ; des ajoncs et brandes croissant ailleurs ; un droit de chasse annuel concédé en 1300 au valet du seigneur de Didonne pour 50 sous.