Mornac : un port pour relier Seudre et Gironde

Port de pêche depuis toujours, Mornac a connu la navigation commerciale non seulement pour le sel, richesse de la région pendant plusieurs siècles, mais aussi pour le négoce entre La Rochelle et Bordeaux. Les Rochelais utilisaient Mornac fortifiée à cet effet pour faciliter et protéger leur trafic maritime. L’hiver, les navires ne pouvaient guère franchir les passes de la Gironde ; ils venaient donc débarquer leurs cargaisons à Mornac. Celles-ci transitaient ensuite par charrette à bœufs, ou plus tard à cheval, vers Royan, pour être réembarquées et acheminées par gabares sur Bordeaux.
Le port de Mornac, place forte avec un donjon du même type que la Tour de Broue (XIe siècle) et une double fortification (deux douves sèches), a fait l’objet de plusieurs sièges pendant la Guerre de Cent Ans. Le pouvoir royal français et les Anglais occupant l’Aquitaine s’y sont affrontés. Les interventions des Rochelais figurent dans les documents d’époque. Les cales actuelles du port datent de Napoléon III ; les gabares ont continué à fréquenter Mornac pour le trafic du sel jusque dans les années 1950, tandis que la flottille de pêche, une cinquentaine d’unités au début du siècle, s’est amenuisée pour ne laisser place pratiquement aujourd’hui qu’aux embarcations ostréicoles et de plaisance.
En août, pour les fêtes du patrimoine maritime, le port accueille un rassemblement de gréements traditionnels. Second port d’ostréiculture sur le cours de la Seudre après L’Eguille, Mornac compte actuellement une dizaine d’exploitations.
Diversité des embarcations de Seudre
Sur ces photos représentant le port de Mornac, du début du 20e siècle à nos jours, on remarquera les sloups et les côtres de pêche, leurs rets au sec, les yoles à nez de goret et les lasses (embarcations plates pour la pêche et le travail des huîtres).




L’achenau (chenal naturel qui va de la Seudre au port) a connu des modifications dont témoignent des bornes d’amarrage en pierre toujours visibles dans certaines claires de la rive droitre. Cet achenau, redressé vers 1840 pour un meilleur accès au port, supporte un moulin à marée avant de poursuivre son cours vers les marais de l’Etang qui séparaient Mornac du hameau de Plordonnier encore rattaché au XIXe siècle à la commune voisine de Breuillet.
Dans son autre partie, vers l’ouest, il abritait l’ancien port des Rouzines (résines servant à calfater les bateaux). C’était le lieu des réparations et des constructions navales avec, à proximité, la Corderie dont le site existe toujours. L’achenau donnait bien du souci aux marins pour remonter son «coude du noroît» : il fallait affaler les voiles et souquer sur les grands avirons pour affronter les vents dominants d’ouest et de noroît.
Un nouveau paysage pour une ostréiculture moderne. Certaines claires sont devenues réserves, nécessaires avant l’expédition des huîtres.
La culture des trois huîtres (la plate, la portugaise puis la japonaise) a provoqué l’installation de cabanes ostréicoles le long de l’achenau.

