Le portage des amphores

Devenez un docker de l’Antiquité ! Évaluez le poids d’une amphore ! Imaginez le tonnage d’un bateau transportant 6 à 7 000 amphores. Vous reviendrez ainsi 20 siècles en arrière dans le port de Novioregum (?) sur l’estuaire de la Gironde.

À vide, une amphore vinaire (une « Dressel 1B », par exemple), pesait 26 kilos, soit autant que son contenu : une lourde charge pour la manutention. Cependant, ces contenants d’apparence peu rentables avaient l’avantage de lester le bateau.

 
Mozaïque

Mosaïque retrouvée à Ostie, port antique de Rome

 
Mozaïque détail

Les amphores servaient au transport du vin, de l’huile, du garum… Le vin pouvait y vieillir plusieurs décennies, et certaines amphores portaient le nom d’un grand cru.

L’étanchéité était assurée par de la poix, d’où le goût du vin poissé souvent évoqué et parfois vanté comme nos vins vieillis en fûts de chêne ; à chaque époque ses modes ou son snobisme !

Pour le transport du vin (navigation fluviale en particulier), on utilisait fréquemment les tonneaux d’origine gauloise. Il existait aussi des bateaux-citernes où d’immenses jarres (dolia) de plus de 2 000 litres servaient de conteneurs.

 
 

Calage des amphores

Disposer des amphores dans la cale d’un bateau de fort tonnage est tout un art comme le montrent les deux exemples suivants.

L’épave de la Madrague de Gien (75-60 av. J.-C.) est celle d’un voilier de commerce de 40 m de long, de 9 m de large et de 4,50 m de profondeur de cale, pour une charge d’environ 400 tonnes. Elle contenait 6 000 à 6 500 amphores vinaires de type « Dressel 1B » disposées en quinconce sur trois couches superposées. D’autres amphores de types divers venaient s’ajouter à ce chargement : elles étaient sans doute réservées à la consommation de bord.

 
Epave

Des céramiques à vernis noir, dites campaniennes, et de la céramique commune étaient disposées en caisses au-dessus des amphores, ainsi qu’un petit lot de pommes de pin pignon. L’épave Cabrera III (Majorque) est datée de 257 ap. J.-C. grâce à un trésor monétaire qu’on y a retrouvé. Le centre du navire était occupé par des amphores à huile, calées sur les flancs par des amphores d’autres types. Les amphores de chaque flanc s’équilibrent les unes les autres et la cargaison donne bien l’impression d’avoir été chargée d’un seul bloc. La rigueur de l’emboîtage des amphores permettait d’économiser de la place et d’éviter la casse. Si l’on extrayait une partie de la cargaison, on déstabilisait l’ensemble et il fallait réorganiser le chargement. On imagine que cette manutention n’était rentable que pour des livraisons importantes.

 
Dessin calage

Exemple de calage

 
Croquis calage

Exemple de calage